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Affichage des messages du septembre, 2014

Comment

Lors de la rédaction d’un récit, il n’est pas rare que des questions commençant par l’adverbe comment nous viennent à l’esprit. — Comment amener mes personnages du point A au point B ? — Comment résoudre une difficulté ? — Comment communiquer une information (narration, dialogue, implicitement, explicitement, en une fois, par bribes, etc.) ? — Comment se déroule telle situation (métier, rituel, etc.) dans la vraie vie ? — Comment utilise-t-on telle ou telle technique ? — Comment reconnaît-on telle technique, tel objet, tel être vivant, etc. ? — Comment éviter que mon intrigue soit trop linéaire ou trop invraisemblable ? — Comment les personnages doivent-ils agir les uns envers les autres ? — Etc. Les réponses aux comment sont souvent multiples. Et, il y en a souvent plus d’une d’intéressante. Elles nous forcent donc à choisir. Par exemple, il peut exister une dizaine de façons de se rendre du point A au point B. Il est souvent plus constructif de ne pas s’arrêter à la première répons

La preuve romanesque

« Il est en effet plus difficile de mettre des répliques constamment drôles dans la bouche d’un personnage que de prétendre (paresseusement et sans donner de preuve) qu’il l’est. »*  -  Marc Fisher En tant que lectrice (acharnée) et auteure (à temps perdu… — un peu d’autodérision ici), mon expérience m’enseigne que dans les romans, un peu comme au cinéma, il ne suffit pas de dire les choses, il faut surtout les mettre en action, car c’est ainsi que l’émotion naît (en tout cas, c’est comme ça pour moi!), et cela est normalement garant de l’intérêt du lecteur à poursuivre sa lecture. Voyons deux exemples pour expliquer ce qu’est la preuve romanesque : Texte 1 « Depuis la deuxième secondaire, Roxanne est éprise du beau Hugo, qui de son côté ne semble pas la remarquer. Roxanne est consciente que sa réputation de première de classe ne l’aide en rien à attirer l’attention des garçons. La jeune fille soigne pourtant son apparence et, sous les conseils de sa meilleure amie Claudia, a récemment

Pourquoi

La motivation est essentielle pour donner de la profondeur aux personnages et de la crédibilité à l’intrigue. C’est normal, l’être humain a besoin de comprendre (c’est une des occupations principales du cerveau) et les lecteurs n’échappent pas à cette règle. C’est la raison pour la laquelle Pourquoi est un mot qui doit nous accompagner tout au long de la conception de notre récit.  — Pourquoi les personnages s’engagent-ils dans l’action ? — Pourquoi cette réaction plutôt qu’une autre ? — Pourquoi le personnage cache, confie ou donne une information ? — Pourquoi donner ou cacher une information aux lecteurs ? — Pourquoi les interactions entre les personnages amènent l’intrigue dans un sens ou dans l’autre ? — Pourquoi les personnages réussissent ou échouent devant une épreuve ou un obstacle ? — Pourquoi un personnage ressent une émotion plutôt qu’une autre ? — Pourquoi utiliser un mot plutôt qu’un synonyme de connotation différente ? — Etc. Des fois, les réponses à ces questions appar

Intrigue ou personnage?

Il m’arrive parfois de terminer la lecture d’un roman et de constater qu’il ne s’y est rien passé, que l’histoire n’a que très peu évolué entre la première et la dernière page. Je réalise alors que ce qui a gardé mon intérêt jusqu’à la fin, malgré la pauvreté de l’intrigue, est la profondeur du personnage, ses questionnements, ses crises d’angoisse, ses petites joies, ses illusions, ses défaites, ses idées, son humour, etc. Bref, un personnage attachant et émouvant, un personnage à la psychologie bien développée, avec son lot de problèmes et de manies typiquement humains (un personnage vivant, quoi!) peut attiser ma curiosité au point de me faire oublier la stagnation de l’histoire. Ce fût le cas à la lecture de certains romans de Martin Page ( Peut-être une histoire d’amour , éditions de l’Olivier, par exemple) ou de Charlotte before Christ (éditions du Boréal) du québécois Alexandre Soublière. À l’inverse, il m’arrive de lire des romans où les péripéties sont si nombreuses que je ne

Action banale, réaction révélatrice

Les personnages sont les moteurs de l’intrigue, c’est pourquoi ce que nous considérons comme des actions peut, en fait, se révéler être des réactions. Par exemple, voici une action : Martin, un environnementaliste convaincu, lit un article écrit par un industriel qui croit que la cause environnementaliste est une chimère inventée de toutes pièces. C’est simple, c’est dans l’air du temps, certains diraient que ça s’approche dangereusement d’un cliché. Pourtant, cette action est de peu d’importance, c’est la suite qui exposera la psychologie de Martin, qui fera progresser l’intrigue et réussira (ou non) à s’extraire du cliché et à captiver le lecteur. Voici quelques possibilités de réactions : A- Excédé, Martin arrête sa lecture après deux phrases au risque de manquer une information capitale pour la suite (sa motivation : personne ne peut croire ça, juste de lire l’article lui donne envie d’étriper son auteur, il manque de temps et finira de le lire plus tard, etc.). B- Martin lit l’ar