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Le personnage anonyme

Dans la vie, lorsque nous rencontrons une nouvelle personne, nous essayons de déterminer (à peu près) son âge, nous l’interrogeons sur son nom, souvent sur sa profession et nous espérons que la conversation qui en résultera sera intéressante. Mais, c’est parce que souvent, nous n’avons aucune idée de « l’intrigue » que cette personne et nous serons amenés à jouer. Nous tâtonnons donc en espérant découvrir s’il y aura ou non une histoire. Par la suite de la conversation et les rencontres subséquentes (s’il y en a), nous étofferons notre connaissance de cette personne. Dans notre roman, par contre, nous connaissons avant l’écriture (si nous avons un plan) ou avant la réécriture quelles seront l’intrigue et la place qu’occupe chaque personnage dans cette dernière. De plus, le lecteur est (plus ou moins) dépendant des indications, descriptions et dialogues donnés par l’auteur. Se borner à donner que ces indications (âge, nom, profession) revient donc à faire de notre personnage un anonyme,

Peaufiner les dialogues

Les dialogues sont souvent employés pour donner de la vie, de la spontanéité à un récit, pour augmenter l’impression de réalité aussi. Utilisés à bon escient, les dialogues donnent du « punch » à certaines scènes et peuvent même servir de tremplin pour un nouveau bouleversement du récit. Les dialogues réussis ont deux fonctions principales : 1. Faire avancer l’action Si le dialogue mis en place n’apporte rien à l’intrigue, c’est qu’il est superflu. Le dialogue doit mettre à nu une nouvelle information importante pour la suite du récit, générer des conflits, permettre de traduire les états d’âme d’un personnage (surtout si cela a des conséquences pour la suite du récit), mettre en relief les relations entre les personnages (les unions, les conflits d’intérêt, les adversités, etc). 2. Caractériser les personnages Les dialogues sont une mine d’informations sur les personnages. Ils nous apprennent par exemple quel est le niveau d’éducation de celui qui prend la parole, quelle est son origi

Écrire, c'est difficile?

Et alors? quel mérite y a-t-il à réussir ce qui est facile? quel intérêt y a-t-il à pratiquer une activité qui ne donne pas quelques défis à notre intellect ou à notre corps? Acquérir une habileté, peu importe qu'elle soit physique, psychologique, intellectuelle ou, comme c'est le cas le plus souvent, un mélange des trois, demande de l'entraînement, de la motivation, de la répétition (même s'il s'agit d'un mot abhorré de plusieurs auteurs), de l'ouverture. Pour devenir un maître, il faut plus. Il faut la passion, l'engagement, la volonté d'atteindre un idéal. Il faut travailler continuellement à s'approcher de cet idéal (qui ne sera probablement jamais atteint). Il faut savoir garder sa motivation et son intérêt même quand nous sommes les seuls (ou presque) à voir que cet idéal n'est pas atteint, même quand notre recherche de cet idéal n'est pas compris ou partagé autour de nous, même quand les autres persistent à ne considérer que le rés

Le temps de latence

Écrire un texte est très différent d’en faire la découverte par la lecture. Voilà pourquoi votre texte mérite d’être laissé de côté quelque temps avant sa réécriture. Quelle est la durée idéale pour cet abandon temporaire? Aucune, ce n’est pas une question de temps, c’est une question de mémoire et de disposition d’esprit. Lors de la (re)lecture d’un livre, une des principales distinctions entre le lecteur et l’auteur est que l’auteur est conscient d’un univers beaucoup plus grand que le texte seul. Beaucoup d’éléments de description, de psychologie, d’histoire, etc. ont été développés par l’auteur sans être insérés dans la version écrite. Ceux-ci restent dans sa mémoire et faussent l’impression que le texte dégage. Il a aussi une idée très précise de son intrigue, qui est souvent très claire pour lui, ce qui lui empêche de détecter confusions, oublis ou même répétitions. Le temps de latence est un outil pour se débarrasser de ces informations et augmenter la qualité de la réécriture.

S’assurer que les personnages ne sont pas interchangeables

Ce qui distingue le plus un personnage d’un autre, ce n’est pas tant son aspect physique que sa personnalité, ses buts, ses valeurs, ses choix. Ainsi, une astuce comme la mise en situation comparée est un outil simple pour s’assurer que chaque personnage a un univers personnel et apporte un plus — qui ne pourrait pas être amené par un autre personnage — à l’histoire. La mise en situation comparée en action : 1- Choisir trois situations en lien avec l’intrigue principale, mais de type différent, par exemple, une scène d’action, une scène de réflexion, une conversation. 2- Mettre en action, les personnages, chacun leur tour, dans chacune des mises en situation. 3- Comparer les résultats. Les choix, actions et réactions des personnages dans ces mises en situation vous aideront pour analyser vos personnages, pour découvrir s’ils ont vraiment une personnalité (distincte) et vont donneront des indices pour retravailler vos personnages au besoin. Caroline

Ligne directrice

Suivre l’intrigue principale ou la ligne directrice d’un roman en cours d’écriture demande beaucoup de concentration. Pour cela, il faut éviter les distractions, par exemple : — trop développer les intrigues secondaires ou même tertiaires, — élaborer les descriptions de personnages avec une multitude d’informations sans liens avec les intrigues principales et secondaires, — multiplier les digressions et les parenthèses, — écrire sans savoir quelle place (importance, but, objectif) un segment aura dans le récit, — etc. Il existe différentes façons pour ne pas se casser la tête avec la ligne directrice : 1- Ne pas en avoir au départ et la découvrir après la relecture du premier jet, puis faire la réécriture en conséquence. 2- Écrire tout le texte dans un temps relativement court afin de garder en tête toutes les informations utiles. 3- Utiliser l’écriture pour développer et conserver la ligne directrice : — avec des descriptions de personnages, de lieux, — avec des listes d’actions, de p

La logique interne

Pour être vraisemblable , une histoire doit s’élaborer autour d’une logique interne forte. Mais qu’est-ce qu’est exactement la logique? «La logique est l’analyse et l’évaluation des arguments. Un argument est une tentative d’avancer un point de vue en apportant des raisons pour les défendre. Les raisons sont les prémisses. Le point de vue que l’on défend est la conclusion. Un argument est la base d’une inférence qui mène des prémisses à la conclusion.* » Dans une histoire ou un récit, les arguments sont les actions, les lignes de pensée des personnages, les évènements auxquels font face les personnages. L’intrigue principale et les sous-intrigues sont les démonstrations, les inférences qui mènent des prémisses à la conclusion. Mais, la logique seule peut être insuffisante, pour qu’elle soit forte, il faut s’assurer de la qualité de nos arguments à l’aide des trois critères suivants. 1-La pertinence : Les prémisses doivent être liées directement ou indirectement à la conclusion. Pour d

Exercice littéraire (4)

Cet exercice nous oblige à réfléchir pendant la construction de notre texte. Il nous oblige à être toujours vigilants. Il provoque chez nous une forme de concentration active que l’habitude et la routine ont tendance à faire diminuer. Il s’agit donc d’un exercice d’échauffement qui, effectué avant une réécriture ou une correction, nous aide à « voir » les détails, à lire sans nous laisser dominer par l’impression de déjà vu, à rester concentrés sur notre tâche. La censure : 1- Choisir un sujet. 2- Établir un champ lexical : noms, adjectifs, verbes, adverbes, etc. ayant trait au sujet. 3- Raturer, au hasard, entre la moitié des mots. 4- Écrire un texte sur le sujet en n’utilisant aucun des mots biffés. 5- Écrire un deuxième texte en n’employant que les mots barrés. Pour varier le niveau de difficulté : – augmenter ou diminuer la proportion de mots raturés, – utiliser une proportion déterminée de mots non censurés. – augmenter la longueur ou la complexité du texte. Caroline

Comment

Lors de la rédaction d’un récit, il n’est pas rare que des questions commençant par l’adverbe comment nous viennent à l’esprit. — Comment amener mes personnages du point A au point B ? — Comment résoudre une difficulté ? — Comment communiquer une information (narration, dialogue, implicitement, explicitement, en une fois, par bribes, etc.) ? — Comment se déroule telle situation (métier, rituel, etc.) dans la vraie vie ? — Comment utilise-t-on telle ou telle technique ? — Comment reconnaît-on telle technique, tel objet, tel être vivant, etc. ? — Comment éviter que mon intrigue soit trop linéaire ou trop invraisemblable ? — Comment les personnages doivent-ils agir les uns envers les autres ? — Etc. Les réponses aux comment sont souvent multiples. Et, il y en a souvent plus d’une d’intéressante. Elles nous forcent donc à choisir. Par exemple, il peut exister une dizaine de façons de se rendre du point A au point B. Il est souvent plus constructif de ne pas s’arrêter à la première répons

La preuve romanesque

« Il est en effet plus difficile de mettre des répliques constamment drôles dans la bouche d’un personnage que de prétendre (paresseusement et sans donner de preuve) qu’il l’est. »*  -  Marc Fisher En tant que lectrice (acharnée) et auteure (à temps perdu… — un peu d’autodérision ici), mon expérience m’enseigne que dans les romans, un peu comme au cinéma, il ne suffit pas de dire les choses, il faut surtout les mettre en action, car c’est ainsi que l’émotion naît (en tout cas, c’est comme ça pour moi!), et cela est normalement garant de l’intérêt du lecteur à poursuivre sa lecture. Voyons deux exemples pour expliquer ce qu’est la preuve romanesque : Texte 1 « Depuis la deuxième secondaire, Roxanne est éprise du beau Hugo, qui de son côté ne semble pas la remarquer. Roxanne est consciente que sa réputation de première de classe ne l’aide en rien à attirer l’attention des garçons. La jeune fille soigne pourtant son apparence et, sous les conseils de sa meilleure amie Claudia, a récemment

Pourquoi

La motivation est essentielle pour donner de la profondeur aux personnages et de la crédibilité à l’intrigue. C’est normal, l’être humain a besoin de comprendre (c’est une des occupations principales du cerveau) et les lecteurs n’échappent pas à cette règle. C’est la raison pour la laquelle Pourquoi est un mot qui doit nous accompagner tout au long de la conception de notre récit.  — Pourquoi les personnages s’engagent-ils dans l’action ? — Pourquoi cette réaction plutôt qu’une autre ? — Pourquoi le personnage cache, confie ou donne une information ? — Pourquoi donner ou cacher une information aux lecteurs ? — Pourquoi les interactions entre les personnages amènent l’intrigue dans un sens ou dans l’autre ? — Pourquoi les personnages réussissent ou échouent devant une épreuve ou un obstacle ? — Pourquoi un personnage ressent une émotion plutôt qu’une autre ? — Pourquoi utiliser un mot plutôt qu’un synonyme de connotation différente ? — Etc. Des fois, les réponses à ces questions appar

Intrigue ou personnage?

Il m’arrive parfois de terminer la lecture d’un roman et de constater qu’il ne s’y est rien passé, que l’histoire n’a que très peu évolué entre la première et la dernière page. Je réalise alors que ce qui a gardé mon intérêt jusqu’à la fin, malgré la pauvreté de l’intrigue, est la profondeur du personnage, ses questionnements, ses crises d’angoisse, ses petites joies, ses illusions, ses défaites, ses idées, son humour, etc. Bref, un personnage attachant et émouvant, un personnage à la psychologie bien développée, avec son lot de problèmes et de manies typiquement humains (un personnage vivant, quoi!) peut attiser ma curiosité au point de me faire oublier la stagnation de l’histoire. Ce fût le cas à la lecture de certains romans de Martin Page ( Peut-être une histoire d’amour , éditions de l’Olivier, par exemple) ou de Charlotte before Christ (éditions du Boréal) du québécois Alexandre Soublière. À l’inverse, il m’arrive de lire des romans où les péripéties sont si nombreuses que je ne

Action banale, réaction révélatrice

Les personnages sont les moteurs de l’intrigue, c’est pourquoi ce que nous considérons comme des actions peut, en fait, se révéler être des réactions. Par exemple, voici une action : Martin, un environnementaliste convaincu, lit un article écrit par un industriel qui croit que la cause environnementaliste est une chimère inventée de toutes pièces. C’est simple, c’est dans l’air du temps, certains diraient que ça s’approche dangereusement d’un cliché. Pourtant, cette action est de peu d’importance, c’est la suite qui exposera la psychologie de Martin, qui fera progresser l’intrigue et réussira (ou non) à s’extraire du cliché et à captiver le lecteur. Voici quelques possibilités de réactions : A- Excédé, Martin arrête sa lecture après deux phrases au risque de manquer une information capitale pour la suite (sa motivation : personne ne peut croire ça, juste de lire l’article lui donne envie d’étriper son auteur, il manque de temps et finira de le lire plus tard, etc.). B- Martin lit l’ar

L'UNEQ

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L’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) est un syndicat professionnel qui regroupe aujourd’hui près de 1 500 écrivains. Depuis sa fondation en mars 1977, l’UNEQ s’est donné pour mandat la promotion et la diffusion de la littérature québécoise, ici comme ailleurs, ainsi que la défense des droits socio-économiques des écrivains. De plus, le Tribunal canadien des relations professionnelles artistes-producteurs l’a accréditée en 1996 pour négocier et conclure des accords-cadres définissant les conditions d’embauche des travailleurs professionnels autonomes du secteur littéraire. Afin d’accomplir son mandat, l’UNEQ réalise diverses publications que l’on peut aisément — et à peu de frais — se procurer : outils pour négocier les contrats d’édition, informations sur la fiscalité, renseignements sur les droits socio-économiques des écrivains, un bulletin trimestriel intitulé L’Unique , etc. Aussi, l’UNEQ participe et prend position dans de nombreux débats où les droits d