Points de vue


Le point de vue choisi influence grandement l’écriture. Ainsi, je propose de décortiquer le tout et, dans un prochain billet, de présenter l’intérêt et les différents usages que l’on peut faire de chacun.

Le narrateur est celui qui raconte. Il peut s’agir d’un personnage de l’histoire, mais ce peut aussi être un « être suprême » ou quelqu’un d’extérieur à l’histoire. Le narrateur adopte un  point de vue pour nous décrire l’action; le point de vue correspond à la focalisation du récit, c’est-à-dire qu’il détermine ce que le narrateur sait ou ignore de l’action (présente, passée et future). Il existe trois points de vue narratifs :

1)                 Le point de vue externe :
Normalement, le narrateur qui utilise ce point de vue n’est pas un personnage de l’histoire. Il relate les événements de façon neutre, sans s’impliquer. Le narrateur ne connaît pas les pensées des personnages.

— Vas-y, mange! lui dit-elle rudement.
Hugo observe les plats qui recouvrent la surface de la table. Il cligne plusieurs fois des yeux alors que sa main droite frotte doucement son abdomen. Puis, Hugo tend cette main vers la fourchette qui repose près de son assiette. Face à lui, son amie sourit.

2)                 Le point de vue omniscient :
De ce point de vue, le narrateur sait tout sur tout. Il connaît tout des personnages : gestes et pensées, intentions et sentiments, passé, présent et futur. Il peut aussi relater ce qui se passe en des lieux ou des temps différents.

— Vas-y, mange! lâche-t-elle.
Jacinthe se mord la lèvre inférieure; elle ne croyait pas que sa réplique serait aussi abrupte. De l’autre côté de la table, Hugo observe la multitude de plats qui s’offrent à lui. Sous le regard inquiet de son amie, il cligne des yeux plusieurs fois, se frottant le ventre d’un geste absent. Il pense qu’il a tellement faim qu’il pourrait bien s’évanouir. Il ne se fait donc pas prier davantage et tend la main vers sa fourchette. Soulagée de voir qu’il apprécie sa cuisine, Jacinthe sourit enfin.

3)                 Le point de vue interne :
Lorsque le narrateur utilise ce point de vue, il décrit l’action à travers les yeux d’un personnage. Il sait tout de ce qu’il pense, ressent, voit, observe… mais rien d’autre! Ainsi, les événements sont présentés de façon subjective au lecteur et au fur et à mesure que le narrateur les découvre lui-même.

— Vas-y, mange! me dit-elle d’un ton catégorique.
J’observe les innombrables plats sur la table. J’ai si faim que je crois que je pourrais m’évanouir. Ainsi, je ne me fais pas prier davantage et saisis la fourchette déposée près de mon couvert.

À noter : même si l’utilisation de la 1ère personne (je/nous) est fréquente, elle n’exclut pas celle de la 3e personne (il/elle, ils/elles), comme le démontre cet exemple :

— Vas-y, mange! lui dit-elle d’un ton catégorique.
Hugo observe les innombrables plats sur la table. Il a si faim qu’il croit qu’il pourrait s’évanouir. Ainsi, il ne se fait pas prier davantage et saisit la fourchette déposée près de son couvert.

Notons finalement qu’avec le point de vue interne, il n’est pas exclu de changer de narrateur au fil du récit en donnant la parole à l’un ou l’autre des personnages de l’histoire. Ceci permet d’aborder l’action sous différents angles. En effet, parfois on choisira le personnage le plus près de l’action pour en montrer toute la vivacité, d’autres fois on laissera la parole à un personnage plus distant pour, par exemple, ne pas divulguer certaines informations, ce qui permettra par la suite d’amener un élément de surprise.


Karine           

Commentaires

  1. Avant de connaître ce fichu narrateur, je ne posais pas de questions. Depuis, il m'embête. Pourquoi faut-il en choisir un, il s'impose de lui-même me semble. Et bien souvent, dans mon cas, c'est chacun son tour, chaque personnage me raconte son histoire, me dit quoi dire, pense, réfléchit, ressent et pose des gestes.

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  2. Dans bien des cas, le narrateur et le point de vue s'imposent d'eux-mêmes en effet. Par contre, il peut être intéressant d'en essayer d'autres, ne serait-ce que pour voir l'effet donné, jouer avec les mots et tenter une autre approche, pour la même histoire.
    Personnellement, j'ai déjà vécu l'expérience d'écrire la même histoire de quatre façons différentes : j'en ai d'abord fait une nouvelle, puis ai tenté le début d'un roman à la 1ère personne, j'ai ensuite changé d'angle et essayé à la 3e personne, ce qui me donnait plus de latitude pour expliquer certains faits, puis finalement certaines scènes ont été mises sous forme de scénario... Même aujourd'hui, je ne peux dire laquelle de ces versions rend le mieux l'histoire que j'ai en tête.
    J'en déduis par votre commentaire que vous utilisez plus fréquemment le point de vue interne, en changeant de narrateur (le personnage qui a la parole) au fil du récit. C'est une façon de procéder qui a de nombreux avantages.

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