Utiliser la périphrase


La répétition du même mot pour désigner un objet ou un personnage, surtout lorsque cela se produit dans la même phrase ou à courte distance, peut affecter négativement le style d'un texte. C'est pourquoi l'écrivain a avantage à maîtriser l'utilisation de la périphrase.

Celle-ci est un groupe de mots mis en ensemble pour désigner un objet ou un personnage qui pourrait l'être par un seul mot. Ainsi, on écrira « le prédateur au pelage tacheté » en parlant d'un guépard.

La périphrase comporte d'autres avantages que celui d'éviter la répétition. Elle permet par exemple de rappeler une caractéristique physique ou psychologique d'un personnage : le garçon à la mèche rousse ou la grande timide. Elle peut aussi résumer une situation (la maman débordée, l'homme offert en pâture aux lions) ou établir les rapports entre les personnages (l'aînée de la famille, l'adversaire vorace). Par ailleurs, Sylvie Dumon-Josset décrit joliment ces différentes utilités de la périphrase : « Au lieu d'aller à l'essentiel, elle fait un petit détour pour mieux attirer l'attention et souligner l'importance accordée au terme remplacé. »*

Lorsque bien employée, la périphrase peut aussi amener un élément de surprise. Prenons l'exemple d'un chapitre qui se termine avec cette phrase : « Fébrile, il glisse la main vers le fond de sa poche et caresse du bout des doigts le symbole de son engagement. » Puis, le nouveau chapitre commence par une demande en mariage.

L'important avec la périphrase, c'est que le lecteur puisse toujours reconnaître le référant, même si quelques fois ce dernier apparaît plus tard.

Dans certains cas, les périphrases les plus adéquates viennent facilement en cours d’écriture; d’autres fois par contre, c’est lors de la réécriture qu’on trouvera la tournure la plus appropriée.

Karine

* Source : DUMON-JOSSET, Sylvie,  1001 secrets de la langue française. Paris, Point2, 2013, p. 220

Commentaires

  1. Et il y en a des drôles parfois. Je ne sais pas si c'est est une, mais j'ai lu dernièrement le nom d'une religieuse qui criait comme une corneille. Dans les phrases suivantes, l'auteure l'appelait "la corneille" et on comprenait de qui il s'agissait.

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  2. Il s'agirait plutôt d'une forme de métonymie (plus précisément la synecdoque qui consiste à désigner la réalité par une de ses parties ou un de ses détails, ici la voix du personnage). Dans tous les cas, utiliser « la corneille » pour désigner un personnage (et sa voix criarde) est une image très forte.

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