Exercice littéraire (1)

Parce que nous n’avons pas besoin de tout « voir » pour se faire une idée des choses, un détail peut faire toute la différence dans une description.

Un détail peut ajouter à l’intrigue en amenant discrètement à l’avant-scène le petit élément qui sera d’une importance capitale quelques pages ou chapitres plus loin. C’est un procédé très utilisé dans le genre policier, mais il peut très bien servir pour d’autres genres.

Un détail peut aussi donner de la profondeur à un personnage, enrichir sa description (un désigner d’intérieur remarquera à coup sûr l’impression générale de l’aménagement d’une pièce, alors qu’un fleuriste nommera les fleurs du bouquet sur la table basse et qu’un architecte s’étonnera qu’un meuble ne s’effondre pas sous autant de poids).

Ce sont les détails qui rendent la description intéressante, mémorable. Savoir qu’il y a une table dans la cuisine ne fera dire à personne « Quelle surprise ! Si je m’attendais à ça… » Cela ne veut pas dire qu’il faut éviter les descriptions fonctionnelles, elles ont aussi leur place. Toutefois, les détails peuvent aider à les enrichir et les orienter par l’émotion, l’intention, les réflexions, l’histoire du personnage ou par les nécessités, les actions de l’intrigue.

Voici le petit exercice que je vous suggère pour explorer les possibilités des détails.

1. Commencer la description par un élément de détail en s’attardant sur le plus de sens possibles pour le décrire.

2. Replacer graduellement le détail dans son contexte.

La description peut porter sur un objet ou un lieu, mais elle pourrait tout aussi bien être une émotion ou une attitude (marquée par des rides d’expression) ou un personnage en tant que tel (en commençant par l’élément qui le distingue à coup sûr : son nez, une tache de naissance, etc.) ou une activité (par exemple, commencer la description d’un match de tennis par la pression de la main d’un joueur sur sa raquette).

Exemple : « Elle était ronde et belle à croquer dans sa pelure rouge. Une pomme parmi d’autres. Mais celle que, à coup sûr, j’aurais prise pour ma collation. Trois autres pommes l’accompagnaient dans le bol. Moins rouges, d’une rondeur peu régulière, elles m’attiraient peu. La banane jaune tachetée de noir et les deux prunes ratatinées qui complétaient le bol de fruits ne semblaient pas plus pouvoir combler ma faim. Un seul fruit sur sept m’apetissait. Quel score misérable pour cet agencement fruitier posé expressément au centre de la table et encadré par quatre chaises confortables dans le but presque avoué de me tenter par une nourriture plus saine que le gâteau caché dans le réfrigérateur quelque deux mètres plus loin… »*
Il est aussi possible de faire l’exercice inverse, commencer par une impression générale et lentement zoomer vers le détail que nous voulons faire ressortir.

Il ne reste plus qu’à déterminer quel détail est important.

Caroline



*SIMARD, Caroline, Stratégies pour améliorer la maîtrise du français, tome 1, Les productions Dans la Vraie Vie, 2001, page 72.

Commentaires

  1. Lire les premières pages de certains romans de Balzac, comme le Père Goriot, ou tout auteur du 19e siècle qui se faisait un devoir de commencer par une description des lieux avant d'entrer dans le vif du sujet.
    Pages par-dessus desquels je passais chaque fois, hooonnn!

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  2. C'est vrai que les auteurs du 19e siècles étaient des champions de la description en détail, mais je crois que ce qu'il faut en retenir, c'est que trop c'est trop. Pour garder un certain rythme dans l'histoire, il vaut mieux choisir un ou deux détails (les plus utiles pour notre histoire) et oublier les détails qui ne sont que des accessoires pour le style (ou pour la longueur si on parle d'auteurs payés à la ligne comme l'étaient plusieurs auteurs du 19e siècles).

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  3. À part ça, on ne passe pas par-dessus de quelque chose, donc j'aurais dû simplement écrire "par-dessus lesquelles". Ah! la maîtrise de la langue française!
    Ne vous gênez pas pour me reprendre même devant vos lecteurs et lectrices.

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